La sagesse et la grâce Les chemins de la connaissance et le don de Dieu
Les chemins de la connaissance (première partie du sous-titre) sont appelés dans la tradition judaïque les 32 voies de la Sagesse : 32 résultent de l’union des 22 lettres-nombres de l’alphabet hébraïque exprimant des qualités, des natures spirituelles avec les 10 sephiroth, énergies divines incréées composant l’arbre sephirotique : l’arbre de Vie, « l’ossature » archétypale de la création divine tout entière.
Cette Sagesse n’est donc pas celle de l’homme telle qu’il peut tenter de se la donner à lui-même par des « systèmes » philosophiques ou des créations intellectuelles, issus de la réflexion individuelle ou collective. Une sagesse toute profane, en réalité. Ce n’est pas de cette sagesse humaine bien relative, par nature imprécise, incomplète, divergente, fragile et fragmentée, parfois tissée de préjugés, telle que nous la trouvons triomphante aujourd’hui, tout particulièrement dans l’Occident déchristianisé, dont nous parlons.
La Sagesse à laquelle nous nous référons est celle de Dieu et qui, en l’homme, vient de Dieu. Ce terme de la mystique juive et chrétienne qualifie, de manière quelque peu voilée, à la fois le Verbe divin et l’Esprit Saint, donc la présence divine (Trinité Sainte) immanente et providentielle, car l’homme est appelé à la rencontre et à l’intimité avec cette Sagesse, cette présence de Dieu. À chacun de vouloir prendre la route du retour, à l’imitation de l’enfant prodigue.
Nous évoquons aussi la grâce (seconde partie du sous-titre) c’est-à-dire les bénédictions ou miséricordes que Dieu infuse dans l’ensemble de sa création, en tout premier lieu et de manière suréminente en l’homme qu’il a créé à son image et selon sa ressemblance : cette grâce est le don de Dieu par excellence parce qu’il se donne lui-même en celle-ci.
Ainsi, pour l’homme, acquérir la vraie Sagesse selon l’Esprit consiste à faire siens ces chemins de sapience ; pas seulement à les parcourir intellectuellement mais à les vivre, tout en ouvrant son cœur, dans l’humilité et la foi, à la grâce divine laquelle culmine dans la présence eucharistique, indicible manifestation de l’amour de Dieu.
C’est en cela qu’il s’agit de chemins d’intériorité spirituelle, que l’Occident appelle mystique ou initiatique (ce dernier terme devant être débarrassé des connotations déviantes qui le dénaturent depuis plus de deux siècles) ; des chemins qui (r)ouvrent à l’intimité avec Dieu et à la connaissance de soi.
Auteur
Pascal Gambirasio d'Asseux est né à Paris en 1951. Juriste de formation, il s’est également consacré à des travaux sur la spiritualité chrétienne. Écrivain, conférencier, il a été invité de France Culture et de R.C.F (Radio Chrétienne Francophone). Il a publié plusieurs ouvrages, qui sont aujourd'hui des références reconnues, sur la voie spirituelle propre à la chevalerie et à l'héraldique ainsi que sur les chemins d'intériorité et de rencontre avec le Seigneur afin que, selon l’expression de saint Anastase : « Dieu fasse en l’homme sa demeure ».
Table des matières
Avant-Propos 9
Deux symboles jumeaux de l’éveil spirituel :
l’escalier en colimaçon et le labyrinthe 21
Le pain des hommes :
la nourriture du corps, de l’âme et de l’esprit 37
Au cœur de l’Alliance :
le nom et le sang 71
Le chemin d’Emmaüs :
l’accueil du Seigneur 85
Le Nom divin tétragramme :
les deux clefs de l’immanence 107
Foi, espérance et charité :
sur la terre et au ciel 125
La force de la grâce :
« quelqu’un m’a touché » 145
La bénédiction de Dieu :
« celui qui s’abaisse sera élevé » 163
Le nom de Jésus :
la présence et la ressemblance 179
Epilogue 195
Extrait
L’approfondissement de la foi, le chemin de connaissance et de contemplation des Mystères de Dieu emprunte des voies distinctes afin de répondre aux charismes multiples des personnes, à l’orientation de leur être, autrement dit à leur vocation. Mais cette distinction n’est pas opposition, ni antagonisme d’aucune sorte.
Bien au contraire, ces voies, ces approches convergent toutes dans un seul regard qui se fixe dans le Seigneur. Ce sont des modalités complémentaires, qui peuvent d’ailleurs se rencontrer simultanément chez une même personne, non des natures divergentes ou inconciliables. Un peu comme le bois ou la pierre dont le maître artisan (l’artiste) va saisir le sens des veines afin de les travailler en respectant ces orientations vectorielles, autrement dit la réalité intérieure et l’élan vital qu’elles manifestent.
Le beau, donc le vrai de l’œuvre naît de cette rencontre, de cette union entre le sens (selon la double compréhension du mot, à savoir : signification et direction) de la matière travaillée et la maîtrise de l’artisan (de l’artiste).
Ainsi, dans le cadre de la vie spirituelle, les exercices de piété ne sont-ils en aucune façon distincts du désir de connaître Dieu plus intimement par l’étude de la théologie, complétée par ce cheminement intérieur que l’on a pris l’habitude, en Occident, de baptiser mystique ou également initiatique, ce dernier terme supportant les ambiguïtés qu’il a revêtues, surtout depuis le XIXème siècle, mais auquel il ne faut pas hésiter à restituer sa légitimité en rappelant sa signification réelle.
Initiatique - nous l’avons maintes fois rappelé tant la perte ou la dénaturation de certaines connaissances sont résilientes chez nombre de nos contemporains - qualifie à la fois le commencement, l’origine et ce qui intérieur ou intériorisé dans les connaissances et les exercices spirituels ; dans les liens et les relations d’un être avec « son Seigneur et son Dieu » .
Les mots du Père André Borelly conviennent ici parfaitement :
« Un abîme sépare l’homme qui cherche à connaître pour pouvoir, de l’homme qui vise à savoir pour rendre grâce » .
Aux disciples qui lui demandaient pourquoi il parlait en paraboles, nécessitant donc une qualification spirituelle pour les comprendre et le désir de les faire fructifier en soi, Jésus répond :
« À vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné ; mais à ceux-là qui sont dehors tout arrive en paraboles, afin qu’ils aient beau regarder et ils ne voient pas, qu’ils aient beau entendre et ils ne comprennent pas, de peur qu’ils ne se convertissent et qu’il ne leur soit pardonné » .
« Ceux-là qui sont au-dehors » est la traduction littérale du mot « profanes » que certaines confraternités utilisent, non pour stigmatiser ou mépriser, mais pour évoquer ceux qui n’ont pas (ou pas encore, pour certains) reçu l’entrée dans les voies du Mystère du Royaume parce qu’ils n’en ressentent pas l’appel ni le désir.
Il faut comprendre le sens profond de ces paroles du Christ : le Seigneur ne leur refuse pas l’entrée dans le Mystère du Royaume, mais constate simplement qu’il existe des hommes qui se placent eux-mêmes « au-dehors » ; qui se satisfont de demeurer dans leur état et qui, d’ailleurs, n’ont pas même conscience qu’ils demeurent profanes par rapport aux hommes de désir spirituel. Ces hommes-là, d’ailleurs, ne se situent pas simplement « au-dehors » mais sont plus exactement « du dehors » : autrement dit, conforment leur être à cette extériorité radicale à toute intimité vraie avec le Seigneur. Toutefois, ces hommes peuvent toujours changer sous l’effet d’une conversion.
Il existe, au demeurant, différents degrés dans ce caractère profane. Leur hiérarchisation est parfaitement transcrite par l’architecture du Temple de Jérusalem construit par le roi Salomon.
Titre : La sagesse et la grâce Les chemins de la connaissance et le don de Dieu
Auteur : Pascal GAMBIRASIO d’ASSEUX
Nb. pages: 200 pages
N° ISBN : 978-2-36353-136-0
Prix public : 24,90€
Poids : 360gr
N°ISBN/ePub : N.A
Date édition : Novembre 22 - tirage limité
entretien avec Pascal Gambirasio d'Asseux
« La Sagesse et la Grâce - Les chemins de la connaissance et le don de Dieu », Editions La Pierre Philosophale
Interview de l’auteur Pascal Gambirasio d’Asseux
- Vous expliquez succinctement le titre et le sous-titre de votre nouveau livre à la 4ème de couverture mais pourriez-vous nous en dire un peu plus ?
- Vous avez raison de le souligner d’emblée, car c’est l’axe majeur de ce livre : en cette 4ème de couverture, j’ai tenu à ce que le lecteur soit bien averti de l’esprit dans lequel ce livre est écrit et offert en partage à qui aura le désir de faire un bout de chemin avec lui et donc avec son auteur, et non pas seulement d’y présenter un aperçu de son contenu. Effectivement, dans le cadre du christianisme, ce n’est pas tant ce que l’on apprend ou souhaite connaître qui est essentiel mais bien l’axe de l’esprit, l’élan de l’âme et l’écoute du cœur qui ouvrent aux Mystères de la Présence de Dieu.
- Est-ce alors que vous opposez, malgré tout, Sagesse et Grâce ?
- Absolument pas. Je ne les oppose pas le moins du monde, mais je m’attache à les resituer chacune dans son efficience et donc dans leur complémentarité - soulignons-le à nouveau car c’est un point capital - telles qu’elles opèrent au sein de la religion chrétienne.
- C’est- à dire ?
Depuis le XIXème siècle mais surtout depuis le XXème siècle, beaucoup en Occident, dans les milieux ésotérisant mais pas seulement, ont pris l’habitude de jauger la religion chrétienne et les pratiques spirituelles qu’elle porte (rites, sacrements, sacramentaux…) en regard, pour ne pas dire à l’aune, des spiritualités orientales, surtout celles d’Extrême- Orient et de l’Inde.
Or, cette « grille de lecture » n’est tout simplement pas pertinente au sein du christianisme et conduit à une réelle confusion dommageable à la poursuite d’une voie de réalisation spirituelle mature, saine et fructueuse. Ce qu’en langage chrétien on appelle la voie de sainteté.
- Vous affirmez donc qu’il existe une spécificité chrétienne dans la compréhension de cette Sagesse et de cette Grâce, de ces chemins de connaissances et de ce que vous appelez le don de Dieu, et aussi dans leur action conjointe ?
- Oui, mais j’ajoute immédiatement que ce n’est pas une vision personnelle (qui n’aurait donc qu’une valeur bien relative), c’est la révélation chrétienne en soi qui nous rend capable de ce regard « neuf » ou plus exactement renouvelé, restauré en sa plénitude (et même l’exige si l’on veut la comprendre et la vivre), tout comme il en est de ses sacrements, actes de Dieu opérés par lui à travers les générations par des hommes consacrés, sacrements qui se distinguent ainsi radicalement (au plein sens du terme) des rites et bénédictions de toutes les spiritualités dans l’Histoire.
- En quelques mots, pourriez-vous préciser ?
- Si je voulais résumer de manière lapidaire, je dirais que, du point de vue qui est celui des hommes de foi cherchant sincèrement l’union au Seigneur, la Sagesse, entendue comme sapience (car c’est par ailleurs un nom et donc une présence de Dieu), se rapporte aux connaissances théologiques dans toute leur ampleur, que la voie suivie soit définie comme mystique ou initiatique. A cet égard, d’ailleurs, je rappelle avoir antérieurement explicité pourquoi il est erronée, au sein du christianisme (et c’est l’une de ses spécificités), de distinguer ces deux voies comme étant de nature distinctes et plus encore de les opposer. En effet, elles sont en réalité deux modalités de la même voie de sainteté.
Je précise, car c’est essentiel, qu’il ne s’agit nullement d’un quelconque corpus plus ou moins gnostique mais bien d’un approfondissement des vérités de la foi et de la révélation. Toutefois, à elles seules, ces connaissances, appelons-les théologiques car ce mot résume bien leur nature et leur but, ne peuvent mener au Royaume de Dieu.
La Grâce, quant à elle, comme chacun sait, est l’effusion des dons, des charismes, des bénédictions divines : en premier lieu distribuées chez les chrétiens par le Saint-Esprit envoyé par le Christ après son Ascension et depuis la Pentecôte. L’homme, fût-il empli d’un grand désir de Dieu, ne peut s’approprier ces Grâces, ni moins encore assigner Dieu ou les anges à les lui accorder. Toutefois, il peut et même doit aspirer à les recevoir - et encore il n’est pas juge de ce qui lui est ou sera donné, car seul Dieu sait ce qu’il lui convient.
Ce qui est proposé par le Seigneur à chaque chrétien est de nourrir son aspiration aux Grâces divines par la connaissance métaphysique au sein de ce que nous appelons la théologie et, simultanément, que les éléments de connaissance qu’il acquiert soient orientés et vivifiés par la vie sacramentelle ainsi que par la prière : en résumé par le dialogue permanent avec Dieu. Il faut se pénétrer de cette vérité : toutes connaissances spirituelles sans la Grâce, sans les bénédictions de Dieu sont aussi vaines que stériles.
Or, c’est la confusion que font ceux que j’évoquais au début de cette interview qui considèrent le christianisme à l’identique des voies orientales ou antiques et affirment que seule la voie de la connaissance peut mener au Ciel ou, selon la terminologie orientale, à la Délivrance. C’est la définition même du Gnosticisme, lequel, fort justement, a toujours été condamné par l’Eglise. En réalité, la connaissance, pour un chrétien, doit impérativement être placée sous le primat de la contemplation et de l’oraison qui lui donnent légitimité et fruits.
Certes le Seigneur nous appelle à le connaître, à nouer avec lui un dialogue pérenne au plus intime de notre être, mais justement, il s’agit d’une rencontre et d’un dialogue avec une Personne (au vrai avec la Sainte-Trinité elle-même), non à nous fondre dans un Ciel, un Principe impersonnel. Or, cette rencontre, cette communion ne se réalise que dans l’amour - qui par essence ne saurait exister qu’entre des personnes, la divine et l’humaine - non par la seule connaissance qu’un sujet possède d’un objet (de connaissance justement) ; par le don de soi à Dieu répondant au don initial de Dieu à chaque être. C’est cet amour échangé, partagé qui réalise l’état de grâce(s) précisément.
Pour toute âme chrétienne, l’accomplissement de la connaissance et donc de la Sagesse, c’est cet état de Grâce que l’on qualifie avec justesse d’état de sainteté. Saint Paul (I Co XIII, 1-3) le confirme avec force : « Quand j’aurai (…) la science de tous les mystères et toute la connaissance (…), si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. (…) ».
En effet, seule la charité (l’amour) donne la vraie Sagesse et ouvre la fontaine de la Grâce qui est le don de Dieu.
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