Le SONGE de "Cent-cinquante"

Le SONGE de "Cent-cinquante"

Le SONGE de " CENT-CINQUANTE"

Un merle bleu se pose un matin d'avril sur le rebord d'une des fenêtres du Grand Hôtel du Lion d'Or, cette ancienne bâtisse de trois étages à l'aspect abandonné qui abrite le jeune et singulier Arthur Brenac.
Décidant de suivre le petit volatile dont le comportement des plus étranges attire son attention, notre héros et son fidèle compagnon Pierre Laroche vont rapidement se retrouver face aux troublants et obscurs mystères de la Place d'Aligre...
Mystères incandescents liés en partie à ceux de la Colline de Fourvière et à la brûlante énigme de la survivance de l'Enfant du Temple...
Un voyage vertigineux dans les souterrains d'une autre histoire de France. Un dangereux glissement de terrain du temporel dans l'intemporel.
Une aventure déflagrationnelle où la poésie et l'histoire se mélangent harmoneusement pour faire vivre aux lecteurs, un moment inoubliable.


Titre : Le SONGE de "CENT-CINQUANTE"

Auteur : Tony Baillargeat
Nb. pages: 420 pages

N° ISBN : 978-2-36353-114-8

Prix public : 24,50€

Poids : 410 g.

N°ISBN/ePub : N.A

Date édition : Fin avril - mi mai. ouvrage disponible au format numérique à partir du 22 mars




extrait





— Parce que nous avons rencontré le magicien, là. Insista Cent-Cinquante.
— Ecoute petit, avant que tu m’dises où vous avez rencontré cet homme, laisse-moi te dire que ce tableau nous indique un endroit et que cet endroit est à n’en point douter « l’île de la Cité » … Ce navire à trois mâts est le même que celui des Nautes représenté sur d’anciennes gravures ou pièces de monnaies comme celle-ci…
Arthur se rendit vers sa bibliothèque et en revint avec le jeton qu’il mit sous le nez du gamin. Celui-ci jeta un rapide coup d’œil dessus sans prendre la peine de le toucher puis leva à nouveau ses yeux bleus cernés de noir, sur mon camarade :
— Oui… et ?
— Et ? balbutia mon camarade, troublé par l’aplomb du gosse.
— Oui… et ?
Je ne comprenais vraiment pas l’attitude de Brenac : pourquoi s’obstinait-il à vouloir convaincre un gamin famélique et malade qui ne comprenait certainement pas grand-chose à ce qu’il disait, que l’île à l’aspect désolant et boueux sur laquelle le trois-mâts s’était échoué, était bien celle de la Cité ?
— Et… Et bien tu vois ce bateau sur le revers de la pièce ? C’est le même que sur le tableau, or le bateau représente les armes de Paris, à savoir : le vaisseau des Nautes…
— Vous le lui avez déjà dit… commenta Agnès qui s'irritait de le voir agir de la sorte.
Il ne releva pas puis continua son petit manège sur un ton professoral :
— Il y a encore une chose : si tu prends une loupe pour regarder le petit truc que tu vois là, positionné à la pointe Ouest de l’île, tu y verras un bonhomme barbu attaché à un poteau aux pieds de qui on a allumé un bûcher à sept flammes… Il porte une longue chemise blanche à croix templière… Or il faut que tu saches qu’en 1314, un templier nommé Jacques de Molay est mort brûlé vif, exactement à la pointe Ouest de… l’île de la Cité…
— Non.
— Quoi non ? Jacques de Molay n’est pas mort sur l’île de la Cité ?!?
— Si.
— Ben alors quoi ?!
— Cette île n’est pas l’île de la Cité, monsieur…
Arthur se redressa pour jeter un regard désespéré dans ma direction.
Je haussai les épaules.
Si je trouvai extraordinaire que ce gamin pût connaître Jacques de Molay, je trouvai plus fantastique encore qu’il tînt tête à Brenac dont l’opiniâtreté était pourtant légendaire.
— Cent-Cinquante… C’est bien comme ça que tu t’appelles, n’est-ce pas ?
— C’est le surnom que m’a donné monsieur de Lupé.
— Nous continuerons donc à t’appeler ainsi : Cent-Cinquante…
— Oui monsieur.
— Et ne m’appelle plus monsieur mais Arthur et lui là-bas, Pierre. Arthur et Pierre. C’est compris ?
— Oui.
Brenac adressa un regard à la jeune femme qui se tenait toujours derrière l’enfant :
— C’est la même chose pour toi Agnès. Considérez tous les deux que nous formons dorénavant tous les quatre un genre de famille. Une famille de dingues certes, mais une famille tout de même… Ce qui signifie que vous pouvez nous faire confiance à lui comme à moi. Ceci étant dit, vous pouvez maintenant convenir que vous avez rencontré l’homme qui vous a offert les deux merles, sur l’île de la Cité…
Le propriétaire du Lion d’Or ne lâchait rien.
— Arthur…
L’enfant dévisagea l’intéressé de longues secondes, puis :
— … L’île que vous voyez là est en réalité une colline... La colline aux corbeaux.

Ces mots, ces simples mots parurent susciter chez mon ami, une agitation profonde. Il jeta un regard sur la peinture et ses ténèbres, l’éclairant maintenant d’une lumière nouvelle : celle apportée par un enfant de dix ans.
— La… La colline de… de Fourvière ?
— Oui, répondit doucement l’enfant.
Comment Arthur en vint à sortir avec si peu d’informations, le nom de cette colline lyonnaise me stupéfia littéralement.
— Mais le… Le bateau ?
— Celui des Nautes… de Lyon.
— L’abréviation « SNE » ?
— La Saône.
Brenac devenait de plus en plus fébrile à chaque réponse du gosse :
— Et… Et… Jacques de Molay ?
Cent-Cinquante fixa à son tour la peinture.
— Il faudrait peut-être réfléchir à ce qui pouvait unir les Nautes aux Templiers… murmura Agnès en regardant elle aussi le tableau.
Comme en transe, l’enfant ânonna alors cette réponse étrange :
— Une belle dame et un méchant monsieur barbu.
… Avant de s’évanouir complètement et de tomber lourdement sur le sol.



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